SIG 2024, le Géo évènement - Conférence Francophone Esri

Utilisation combinée des SIG et de l’analyse multicritère pour l’évaluation de la vulnérabilité des sols à érosion hydrique dans le bassin versant de Fergoug en Algérie

Oct 11, 202412:00 - 12:25 PM

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La dégradation des sols est un processus défini comme étant l'abaissement et la perte des qualités essentielles des sols pour remplir ses fonctions naturelles. Ces dernières décennies, elle devient de plus en plus grave dans le monde entier, constituant la plus grande menace pour les agrosystèmes. Globalement, le processus naturel de dégradation des sols peut être amplifié ou atténué par une variété d’actions anthropiques, tels que l’agriculture de montagne inappropriée, le surpâturage et la déforestation. En Algérie du Nord, le phénomène d’érosion hydrique présente la forme de dégradation des sols la plus sérieuse affectant les reliefs, environ 14 millions d’hectares des terres sont touchés. Ce phénomène est lié au contexte socio-économique de l’utilisation des ressources naturelles, au-delà de leur capacité de restauration, aggravé souvent par les fluctuations des conditions climatiques. Il conduit à un déclin permanant des activités économiques, enracinant la population locale dans la pauvreté et les poussant à un exode massif. L’objectif de cette contribution est de parvenir à un zonage des risques de dégradation des sols par érosion hydrique par la réalisation d’une carte de vulnérabilité des sols à l’érosion à l’échelle d’un bassin versant et ce afin d’étudier le processus d’érosion et d’en évaluer l’impact potentiel sur le cours d’eau en aval du barrage (à l’exutoire du bassin) et sur les zones marines côtières. Le site pilote retenu est un écosystème montagneux situé dans les monts des Béni-chougrane (nord-ouest de l’Algérie), correspondant au bassin versant de Fergoug d’une superficie d’environ 170 km². Il est caractérisé par des fortes pentes, une lithologie essentiellement marneuse, une irrégularité pluviométrique et une faible couverture végétale, ce qui le rend très sensible à l’érosion hydrique. Le jeu de données utilisé est constitué d’une image satellitaire Landsat-Oli/Tirs acquise le 3/11/2022, des cartes lithologiques au 1:50.000 couvrant le site, d’un modèle numérique de terrain SRTM de résolution spatiale de 30 m, des données pluviométriques journalières, mensuelles et annuelles de la période de 1990-2020 et des profils pédologiques in-situ, à savoir la perméabilité et les pourcentages de sable, d’argile, de limon et de matière organique du sol. Nous avons développé une modélisation spatiale se basant sur une analyse multicritère hiérarchique (AHP (Analytic Hierarchy Process )) combinant, dans un SIG, les facteurs de l’érosion les plus représentatifs : la pente, la nature du substrat, l’agressivité climatique des pluies (classée suivant 9 classes d’érosivité des pluies, variant de 126 à 297 MJ.mm/ha/h/an) et l’occupation actuelle du sol selon 5 classes (végétation très dense, végétation dense, végétation éparse, sol dégradé et sol très dégradé). La carte finale des classes de vulnérabilité des sols à l’érosion hydrique est validée par la réalité-terrain. Elle est également comparée par rapport à la carte dérivée du modèle révisé de perte en sol (RUSLE). La synthèse de l'ensemble des informations dans un SIG, ainsi que leurs confrontations avec les données géomorphologiques, ont permis de dresser une carte de vulnérabilité à l’érosion hydrique selon cinq degrés (végétation très dense, végétation dense, état critique, état dégradé et état très dégradé), dans lesquelles, les zones en état dégradé et très dégradé couvrent 32% de la superficie du bassin versant contre 45% des terres à couvert végétal dense ou très dense. Le reste (23%) étant en état critique, ce qui signifie la nécessité absolue d'une gestion conservatoire de l’eau et des sols dans le bassin versant. La confrontation des résultats obtenus avec les sorties du modèle RUSLE ainsi que leurs validations par la réalité du terrain montrent l’intérêt de l’utilisation conjointe de l’analyse multicritère des informations multisources et des SIG pour le suivi de l’érosion hydrique dans le bassin versant de Fergoug et ses conséquences sur la situation désastreuse. Cette dernière est illustrée par la sédimentation quasi-totale des barrages-réservoirs de cette région montagneuse, château d’eau de l’ouest algérien. Le résultat de l’application de cette méthode peut être utilisée pour identifier les sous-bassins versants reconnus comme zone prioritaire pour les actions de conservation.

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