Utilisation combinée des SIG et de l’analyse multicritère pour l’évaluation de la vulnérabilité des sols à érosion hydrique dans le bassin versant de Fergoug en Algérie
La dégradation des sols est un processus défini comme étant l'abaissement et la perte des qualités essentielles des sols pour remplir ses fonctions naturelles. Ces dernières décennies, elle devient de plus en plus grave dans le monde entier, constituant la plus grande menace pour les agrosystèmes. Globalement, le processus naturel de dégradation des sols peut être amplifiée ou atténuée par une variété d’actions anthropiques, telle que l’agriculture de montagne inappropriée, le surpâturage et la déforestation. En Algérie du Nord, le phénomène d’érosion hydrique présente la forme de dégradation des sols la plus sérieuse affectant les reliefs, environ 14 millions d’hectares des terres sont touchés. Ce phénomène est lié au contexte socio-économique de l’utilisation des ressources naturelles, au-delà de leur capacité de restauration, aggravé souvent par les fluctuations des conditions climatiques. Il conduit à un déclin permanant des activités économiques, enracinant la population locale dans la pauvreté et les poussant à un exode massif.
L’objectif de cette contribution est de parvenir à un zonage des risques de dégradation des sols par érosion hydrique, c’est à dire établir une carte de vulnérabilité des sols à l’érosion à l’échelle d’un bassin versant afin d’étudier le processus d’érosion et d’en évaluer l’impact potentiel sur le cours d’eau en aval du barrage (à l’exutoire du bassin) et sur les zones marines côtières. Pour ce faire, nous avons choisi une modélisation qualitative se basant sur une analyse multicritères combinant, dans un SIG, les facteurs de l’érosion les plus représentatifs : la pente, la nature du substrat, l’agressivité climatique des pluies et l’occupation actuelle du sol.
Le site pilote retenu est un écosystème montagneux situé dans les monts des Béni-chougrane (nord-ouest de l’Algérie), correspondant au bassin versant de Fergoug d’une superficie d’environ 170 km². Il est caractérisé par des fortes pentes, une lithologie essentiellement marneuse, une irrégularité pluviométrique et une faible couverture végétale, ce qui le rend très sensible à l’érosion hydrique. Le jeu de données utilisé est constitué d’une image satellitaire Landsat-Oli/Tirs, des cartes lithologiques couvrant le site, d’un modèle numérique de terrain (MNT) d’une résolution de 30 m, des données pluviométriques journalières et des profils pédologiques in situ.
La synthèse de l'ensemble des informations dans un SIG, ainsi que leurs confrontations avec les données géomorphologiques, ont permis de dresser des cartes de vulnérabilité à l’érosion hydrique selon cinq degrés (végétation très dense, végétation dense, état critique, état dégradé et état très dégradé), dans lesquelles, les zones en état dégradé et très dégradé couvrent 32% de la superficie du bassin versant contre 45% des terres à couvert végétal dense ou très dense. Le reste (23%) étant en état critique.
La confrontation des résultats obtenus avec les sorties du modèle révisé de pertes en sol par érosion (RUSLE) ainsi que leurs validations par la réalité du terrain montrent l’intérêt de l’utilisation conjointe de l’analyse multicritère des informations multisources et des SIG pour le suivi de l’érosion hydrique dans le bassin versant de Fergoug et ses conséquences sur la situation désastreuse, illustrée par la sédimentation quasi-totale des barrages-réservoirs de cette région montagneuses, château d’eau de l’ouest algérien. Outre, l’envasement rapide des infrastructures de mobilisation hydrique par charriage de sédiments fragilisés, s’ajoute le comblement de l’embouchure de la Macta, déclarée zone humide universelle, par l’entraînement des particules fines issues des opérations de dragage de la vase au niveau des retenues. Tel est l’objectif de cette contribution d’analyse sur la dynamique hydrologique des cours d’eau des zones côtières de l’ouest algérien.
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